Les barbets sont un groupe de passereaux de taille moyenne, trapus, généralement colorés, frugivores, nichant dans des trous, qui sont des cibles populaires pour tous les ornithologues amateurs sous les tropiques. Ils sont présents dans trois régions biogéographiques : les écozones néotropiques, afrotropiques et indo-malaisiennes, essentiellement l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale tropicales, l’Afrique – au sud du Sahara et l’Asie tropicale. À l’origine, ils appartenaient tous à la famille des Capitonidae, mais au fil du temps, les taxonomistes ont déterminé que les relations réelles entre ces barbets étaient beaucoup plus complexes. Dans les Néotropiques, les barbets ont été classés en deux familles, les Capitonidae d'origine (Barbets du Nouveau Monde) avec 14 espèces et les Semnornithidae (Barbets Toucan) avec 2 espèces (Toucan et Barbet à bec pointu). Ces barbets américains sont désormais considérés comme plus étroitement liés aux toucans qu'aux barbets des autres continents. En Asie, leurs 30 espèces de barbets sont placées dans leur propre famille des Megalaimidae, et enfin, en Afrique, nous avons 42 espèces dans la famille des Lybiidae, sujet de cet article de blog.

En Afrique, les barbets sont présents sur tout le continent, de la pointe de la péninsule du Cap jusqu'aux franges du désert du Sahara. Leur taille varie des minuscules Tinkerbirds de 3,5 pouces à l'imposant Barbet à bec jaune de plus de 10 pouces. Certains sont incroyablement colorés, le vibrant Barbet rouge et jaune me vient à l'esprit ; tandis que d'autres sont plutôt simples et peuvent même être décrits comme laids, comme le Barbet à face nue. Certains sont évidents et en grande partie terrestres, comme le Barbet de D'Arnaud, et d'autres sont énigmatiques et difficiles à repérer car ils appellent depuis des perchoirs cachés dans la canopée des plus grands géants de la forêt tropicale.

Les barbets africains sont classés en sept genres bien distincts : les Pogoniulus sont les plus petits, et les 10 espèces de ce genre sont maintenant appelées Tinkerbirds en raison de leurs cris incessants ressemblant à ceux d'un ferblantier miniature ou d'un bricoleur martelant. Ce sont généralement des espèces cryptiques et malgré de fréquents épisodes d’appels prolongés, leurs capacités ventriloques les rendent difficiles à localiser. La plupart des espèces vivent dans la zone de forêt tropicale – notamment la plus grande : à croupion rouge et la plus simple : mouchetée, qui ressemble à une caille commune émanant de la canopée de la forêt tropicale ! D'autres, comme les espèces à front jaune et à front rouge, s'étendent dans la zone de savane et sont mieux localisées en jalonnant un arbre fruitier. Le Tinkerbird à poitrine blanche est l'un des mystères aviaires d'Afrique, connu uniquement à partir d'un seul spécimen collecté en 1964 à Mayau, dans le nord-ouest de la Zambie, près des frontières de l'Angola et de la RDC. Cette région reculée de forêts de Cryptosepalum est peu modifiée par la main de l'homme (ce qui est assez rare en ces temps de destruction dévastatrice de son habitat), mais cette espèce n'a pas été relocalisée malgré les recherches approfondies des ornithologues amateurs (dont moi-même). Cela a conduit certains ornithologues à considérer le spécimen comme un hybride de deux autres oiseaux bricoleurs, le temps nous le dira sans doute ! Il est intéressant de noter que cette espèce a été nommée Pogoniulus makawai en l'honneur de son découvreur, un homme local nommé Jali Makawa, qui était employé par l'ornithologue CW Benson pour collecter des oiseaux. Il est rare que les peuples autochtones soient honorés de cette manière.

Les quatre espèces de Gymnobucco constituent le groupe de barbets le moins observé en Afrique, car ils sont limités aux tropiques les moins visités d'Afrique centrale et occidentale. Les barbets à face nue et à nez hérissé sont présents dans les forêts le long de la côte ouest de l'Afrique, les barbets à gorge grise dans les forêts tropicales d'Afrique centrale et ceux de Sladen sont endémiques aux grandes forêts tropicales de la République démocratique du Congo. Ils sont tous de couleur gris olive, ont des étendues variables de peau nue autour du visage et tous émettent des hululements et des trompettes bruyants. Leur nom générique, Gymnobucco, se traduit par « trompettiste nu » en raison de ces caractéristiques. Ils nichent en colonies qui comptent parfois des centaines d’oiseaux, qui creusent des dizaines de trous dans les troncs d’arbres morts de la forêt tropicale.

Les quatre barbets Stactolaema sont généralement un peu plus colorés que les Gymnobuccos. Anchieta et Whyte sont limités aux forêts de Miombo ou Brachystegia du centre-sud de l'Afrique, à oreilles blanches aux forêts le long de la côte est de l'Afrique et vertes aux forêts dispersées du sud à l'est de l'Afrique. En Afrique du Sud, le Barbet vert est présent uniquement dans la forêt de Ngoye, une petite parcelle forestière du Zoulouland, et cette forme est souvent divisée sous le nom de Barbet de Woodward. Les prochaines populations isolées se trouvent à plusieurs milliers de kilomètres au nord, au Malawi, au nord du Mozambique et sur le plateau de Rondo, au sud de la Tanzanie. Enfin, les aires de répartition les plus septentrionales se trouvent dans les forêts côtières du nord de la Tanzanie et du Kenya. Les raisons de cette population extrêmement fragmentée restent encore à élucider.

Les 11 barbets Lybius constituent probablement le groupe le plus connu et le plus fréquemment rencontré en Afrique. Ils comprennent le célèbre Barbet à collier noir, la beauté à tête rouge qui est commune dans les jardins et les forêts d'Afrique australe et orientale. Son nom est un sujet de conjecture fréquent chez les ornithologues amateurs, qui s'interrogent sur la référence à un collier noir peu visible, plutôt que sur sa tête rouge brillante et évidente comme celle d'un pompier ? Eh bien, la réponse est que le surnom de Barbet à tête rouge a été donné pour la première fois à l'espèce sud-américaine qui porte encore et qu'il avait donc la priorité pour conserver ce nom. Un autre fait intéressant est que leur cri bien connu « trop pudiquement » est un duo antiphonal. Autrement dit, le cri émane d'un couple dont l'un appelle la première note et l'autre la deuxième note, mais dans une synchronisation si parfaite qu'un observateur n'imaginerait jamais que le son provienne de deux oiseaux ! Dans le nord de la Tanzanie, l'espèce à collier noir est remplacée par l'espèce à poitrine brune, et plus au nord encore par l'espèce à bec noir. L'espèce à face rouge, peu connue, se trouve dans les forêts humides de feuillus de l'extrême sud de l'Ouganda, du Rwanda, du Burundi et du nord-ouest éloigné de la Tanzanie. Le Vieilott est une espèce aberrante présente dans les forêts sèches de Guinée et du Sahel au sud du Sahara. Banded est une espèce attrayante endémique d’Éthiopie et d’Érythrée. L'espèce à tête blanche peut être trouvée dans les immenses figuiers des forêts d'Afrique orientale et centrale, avec une petite population isolée en Angola. Une autre population isolée d'oiseaux à tête blanche est le Barbet de Chaplin, le seul oiseau endémique de Zambie. Les quatre dernières espèces attrayantes à dos noir sont les espèces à dents doubles – présentes dans les forêts dominées par les figuiers le long de la zone équatoriale, les espèces similaires à barbe dans la zone boisée de savane guinéenne, les espèces à dos noir des forêts de Miombo plus au sud et enfin, la très recherchée. Barbet à poitrine noire. Cette dernière version géante mentionnée a été observée par très peu d'ornithologues amateurs car son aire de répartition coïncide avec la zone instable, déchirée par la guerre et ravagée par les bandits, qui s'étend du nord de l'Ouganda au sud du Soudan, au sud-est du Tchad et au nord de la République centrafricaine !

Les sept barbets Tricholaema forment un groupe de taille moyenne, avec pour la plupart un dos sombre, des parties inférieures plus pâles et des taches variables. Miombo Pied, Acacia Pied et Red-fronted sont des espèces sœurs au front rouge et aux aires de répartition qui ne se chevauchent pas. À gorge noire et à flanc tacheté sont deux espèces similaires qui partagent les forêts arides du nord-est de l'Afrique et le joliment nommé à poitrine velue se trouve dans la zone de forêt tropicale. Ce dernier est parfois divisé en deux espèces, à poitrine velue dans la zone forestière de Haute Guinée en Afrique de l'Ouest et à gorge striée dans les forêts de Basse Guinée en Afrique centrale. Tant au niveau du plumage que de la vocalisation, ils diffèrent et, à mon avis, constituent de bonnes divisions.

Le magnifique Barbet à points jaunes est très similaire aux barbets Tricholaema, une espèce monotypique du genre Buccanodon. Son apparence semble justifier son placement dans le groupe précédent, mais son cri est complètement différent, un doux ronronnement. C'est le seul barbet africain qui, taxonomiquement, n'a aucun parent placé dans le même genre. Le Barbet à points jaunes, Buccanodon  duchaillui , est une espèce de forêt tropicale, du nom du Français Paul Du Chaillu, qui fut le premier explorateur à s'aventurer à l'intérieur des terres du Gabon dans le vaste bloc forestier de plaine d'Afrique. Il a découvert de nombreuses nouvelles espèces pour la science, dont ce barbet, et a été la première personne à confirmer l'existence des gorilles et des pygmées. En 1861, il publie ce voyage sous le titre « Explorations en Afrique équatoriale », un fabuleux récit de ses aventures et découvertes, et avec un épanouissement typiquement gaulois des rencontres plutôt imaginatives et des espèces fantastiques comme l'Ivoreux, un écureuil qui chasse la forêt en recherche de carcasses d'éléphants à ronger l'ivoire !

Le dernier genre de barbets africains est la tribu Trachyphonus. Ces oiseaux, principalement jaunes et rouges, émettent des cris répétitifs et durs, d'où leur nom qui se traduit par « voix rauque ». La version sud-africaine est Crested Barbet et supporte une crête noire souple. En raison de sa collection plutôt aléatoire de taches blanches, de taches rouges, jaunes et noires, elle est également connue familièrement sous le nom de « salade de fruits ». D'Afrique de l'Est, le Crested est remplacé par le Rouge et jaune, une espèce inhabituelle qui niche dans les termitières. L'espèce à poitrine jaune est présente dans les forêts sèches au nord de l'espèce rouge et jaune, s'étendant vers l'ouest le long des franges arides du Sahel. Le curieux Barbet de D'Arnaud est une espèce sociale de l'Afrique du Nord-Est sèche qui présente un spectacle pittoresque en forme d'horloge qui remue la queue. Enfin, à bec jaune, le plus gros de tous nos barbets. C’est une espèce aberrante qui, à mon avis, devrait appartenir à son propre genre monotypique. Il diffère du reste de ses espèces sœurs par sa grande taille, sa peau faciale jaune et nue, le fait qu'il vit dans la zone de forêt tropicale où il reste caché dans des enchevêtrements denses ou dans une haute canopée d'où il pousse un hululement profond et retentissant qui se répète presque. sans fin, au grand dam des ornithologues amateurs qui passent généralement des heures à chercher en vain ce ventriloque ! Lorsqu'il a de la chance dans une bonne vue, son plumage sombre se transforme en violets, mauves et même roses, un bel oiseau démentant les guides de terrain qui le décrivent généralement beaucoup trop terne, contrairement à la jolie version vivante.

Les barbets constituent un aspect fascinant et coloré de l'observation des oiseaux en Afrique et sont les favoris des ornithologues amateurs, locaux et en visite. J'espère que ce blog engendrera une appréciation encore plus grande de ces charmants oiseaux.

Toutes les images sont d'Adam Riley, à l'exception du Green Barbet de Hugh Chittenden et du Speckled Tinkerbird de Markus Lilje.